Stefan Heym

Stefan Heym (1913-2001) est né en Allemagne dans une famille de commerçants juifs de Chemnitz. Il grandit à Berlin et, dès son adoles- cence, participa au mouvement anti-nazi. Après la venue au pouvoir d’Hitler, il s’exila, tout d’abord en Tchécoslovaquie en 1933, puis aux États-Unis en 1935 où il continua de collaborer à des revues antifascistes. Pendant la guerre, il rejoignit le Parti communiste américain et publia son premier roman, Otages. En 1943, après avoir pris la nationalité amé- ricaine, il s’engagea dans l’armée, puis participa au débarquement en Normandie. Il faisait partie d’une unité chargée de faire de la propagande vis-à-vis des Allemands, et rédigeait articles et émissions de radio justifiant l’engagement américain dans le conflit. C’est cette expérience qu’il raconta dans son second roman publié aux USA en 1948 The Crusaders (Les Croisés). Mais ses idées pro-soviétiques devinrent très mal vues aux USA, au début de la guerre froide.
Il fut d’abord contraint de quitter l’armée, puis à cause du maccarthysme, il choisit de s’exiler une nouvelle fois. En 1953, il s’installa en RDA (l’Allemagne de l’Est), ce qui, à cette époque, apparut comme exceptionnel. Son statut fut à la fois celui d’un écrivain choyé par le régime, mais sévèrement contrôlé, comme tous les intellectuels. Son roman sur les émeutes de Berlin de 1953, Une semaine en juin, écrit en 1956, ne fut jamais publié en RDA. Il ne fut édité qu’en 1972, en Allemagne de l’Ouest.
En 1976, de plus en plus critique vis-à-vis du régime est-allemand, il signa un manifeste en faveur du poète-chanteur Wolf Biermann, contre son expulsion du pays. Il fut exclu de l’Union des écrivains de RDA en 1979, et fut interdit de publication dans son pays.
Après la réunification de l’Allemagne, Stefan Heym fut élu député en 1994 sur la liste du PDS, l’ex-Parti communiste est-allemand. En tant que doyen, il pro- nonça le discours inaugural du nouveau Parlement : en opposition complète avec l’optimisme ambiant, il y fit scandale en comparant la réunification de l’Alle- magne à «un serpent qui a avalé un hérisson».